Prolétarisation:
La prolétarisation est, d’une manière générale, ce qui consiste à priver un sujet (producteur, consommateur, concepteur) de ses savoirs (savoir-faire, savoir-vivre, savoir concevoir et théoriser).

Au XXe siècle, on fabrique des objets qui doivent remplacer indéfiniment les précédents, notre attention est soumise à un impératif d’adoption du nouveau sur le mode de la consommation. Ce qui est prolétarisé c’est le savoir-vivre de l’individu qui devient un consommateur désaffecté en adoptant des modes d’existence imposés par le marketing. Elle est une forme de désindividuation.
Au XXI siècle, ce phénomène est accentué par une double prolétarisation du savoir faire et du savoir être à l’ère du numérique. Les algorithmes permettent de créer des intelligences artificielles, des systèmes qui rationalisent nos comportements de consommateurs et de producteur de richesse. Le numérique tendant petit à petit à remplacer l’Homme dans son travail et dans ses capacités cognitives et à cibler au plus juste les consommateurs dans leur quotidien. Ce phénomène est accentué par la substitution du sensible, de l’expérience par un ensemble de prothèses et d’appareils techniques qui deviennent la nouvelle interface au monde.
La transindivisduation est stoppée par cette économie. La vie publique se détruit et l’individuation psychique et collective devient la désindividuation collective provocant une indifférence au monde et à nos parents. Cela engendre des comportements de déception et de renoncement chez les individus qui, incapables de se projeter, ne trouvent plus satisfaction que dans l’immédiateté d’un temps numérique.
J’ai voulu représenter des individus vivant dans une forme de misère symbolique car incapable de participer à la production de symboles pour la collectivité. Les personnes errent dans un non lieu, un couloir de manière mécanique. Ils semblent abandonnés à eux mêmes dans un flux qui ne peux s’arrêter. Les images ont une esthétique métallique froide qui renvoie à l’absence des personnages à eux mêmes.